Prophétie et révolution :
La purification du Temple et l’inauguration du règne
La motivation : le sacrifice
Judas Maccabée et ses frères entreprirent la purification du
Temple, dans le but de le nettoyer des ordures laissées par les troupes d’occupation
d’Antiochus-Épiphane, mais aussi d’effacer la profanation du lieu sacré : «
Ils virent là le lieu saint désolé, l’autel sacré profané, les portes brûlées, des arbrisseaux poussés dans le parvis et les chambres détruites » (
1 M 4:38).
Pour
Jésus, de quelle purification s’agissait-il ? Depuis sa reconstruction par
Zorobabel (
Esd 5), le
Temple n’avait été profané que par
Pompée, qui en avait souillé le parvis de sang, mais il n’avait pas été détruit. Reconstruit par
Hérode, il était grandiose, propre, respecté par les
Romains dans sa sainteté et ses rites sacrés.
Et pourtant,
Jésus avait jugé qu’il devait être purifié, pour que
Dieu y refasse sa demeure. Ce qui le rendait dégradant à ses yeux, était la vente des animaux destinés aux sacrifices : des moutons, des boucs, des bœufs, des pigeons, sans compter les guichets de change. Ce marché était une profanation. Mais
Jésus pouvait-il se scandaliser du marché sans l’être de la boucherie et de l’abattage de ces mêmes bêtes à l’autel du
Temple ? Le marché était-il plus honteux que la boucherie, la vente que l’abattage, la saleté du parvis due à la présence de animaux que la souillure laissée par leur sang ? Non, sans doute. Et puisque ce sang était versé pour les sacrifices, en expiation des péchés,
Jésus entendait bien purifier le temple des sacrifices et des holocaustes !
Jésus n’ignorait pas qu’une telle purification allait être jugée blasphématoire et diabolique, mais il s’appuyait sur l’autorité du prophète
Osée, sur celles
d’
Isaïe, de
Jérémie,
d’Amos et de
Michée.
D’Osée, il s’était approprié l’oracle : «
J’aime la miséricorde et non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes » (
Os 6:6 ;
Mt 9:13). Sans doute
le prophète n’abolissait-il pas pour autant le sacrifice, mais il indiquait prophétiquement la raison d’une abolition future. Que dire
d’Isaïe qui, au nom de
Dieu, affirmait : «
Qu’ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et de boucs. Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de souiller mes parvis ? … Quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang » (
Is 1:11-15).
Jésus dut être frappé plus encore par les paroles de
Michée : «
Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel ? Me présenterai-je avec des holocaustes, avec de veaux d’un an ? L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, des myriades de torrent d’huile ? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier né ? Pour le péché de mon âme, le fruit de mes entrailles ? » (
Mi 6:6-7).
Michée savait bien que, depuis
Abraham, on offrait à
Dieu des animaux en substitution d’enfants. Qui est ce
Dieu, si attaché à la justice qu’il ne peut être apaisé que par le sang des hommes, symbolisé par celui des animaux ?
Yahvé était-il vraiment
Dieu, ou une idole sous le visage de
Dieu ?